Qu’elle soit comportementale ou liée à la consommation de substances, l’addiction peut être à l’origine de tensions dans un couple, voire conduire à une volonté de séparation.
En quoi un accompagnement par une Conseillère Conjugale et Familiale peut s’avérer utile ?
Une pathologie…
L’addiction se caractérise par l'impossibilité totale de contrôler un comportement (jeux d’argent, écrans, sexe, consommation de contenus pornographiques…) ou une consommation de substance (alcool, drogue…) en dépit des conséquences négatives que cela implique.
Ces consommations compulsives répondent à des stimulations internes et externes, elles génèrent un plaisir temporaire en vue d’apaiser un malaise intérieur. Le circuit de la récompense du cerveau est déréglé.
Contrairement à ce que certains pensent, ce n’est pas juste une question de volonté. D’un point de vue scientifique et médical l’addiction est une pathologie cérébrale qui touche des millions de français, dont il est très difficile de s’extraire sans aide extérieure. C’est souvent un moyen inconscient de fuir un mal-être lié à des obstacles personnels non résolus. Quelqu’un qui a une addiction, c’est souvent quelqu’un qui souffre.
…qui impacte la personne concernée…
La dépendance vient dérégler progressivement toutes les dimensions de la vie de la personne dépendante : le mental, les émotions, la santé physique, l’estime de soi, la sexualité, les relations, les finances, le travail, etc.
…son entourage…
Mais l’addiction a aussi impact social fort, elle est à l’origine de tensions et de ruptures amicales, professionnelles, familiales.
Dans le cas par exemple d’une addiction à l’alcool, toute l’organisation familiale tourne autour des conduites alcooliques du buveur. Il y a comme une codépendance qui s’installe, générant chez les proches des comportements d’adaptation aux difficultés qui envahissent tous les aspects de leur vie, au détriment de leur propre épanouissement.
…son couple…
Elle a en particulier un impact négatif sur la vie de couple.
Dans le cas par exemple d’une addiction au sexe, la consommation de contenus pornographiques chez l’un des partenaires entraine souvent une diminution de la confiance dans la relation ainsi qu’une mise en danger de la sexualité du couple lorsque le sexe virtuel devient un frein à la sexualité du couple. Le conjoint délaissé peut expérimenter une baisse de l’estime de soi, de la culpabilité, une augmentation de la solitude, une impression d’être chosifié… à l'origine de nombreuses tensions conjugales. L’addiction devient étouffante, elle prend le pas sur la relation et l’amour.
…un conjoint qui s’épuise…
Dans l’accompagnement de couples dont l’un souffre d’une addiction, j’observe que bien souvent, quand ils viennent me voir, c’est que le conjoint est à bout. Il n’a plus confiance dans son partenaire addict après ces multiples tentatives d’aide pour lutter contre l’addiction.
Il aura par exemple mis en place des contrôles, des systèmes de barrage, pour limiter l’accès à la substance ou à l’activité menaçante. Il aura suggéré au partenaire addict de se faire aider par un professionnel, il l’aura parfois même accompagné dans cette démarche.
Mais au bout d’un certain temps, le conjoint va s’attendre à un résultat positif, à ce que le concerné se prenne en main. Quand bien même il peut noter une amélioration, le conjoint n’est pas toujours prêt à affronter les inévitables rechutes qui sont inhérentes à cette pathologie.
Les rechutes sont effectivement très habituelles, dans la mesure où l’addiction cache un mal-être profond et un déficit de la régulation émotionnelle.
… des tensions dans le couple qui le conduise à consulter une Conseillère Conjugale et Familiale, spécialiste de la relation…
La Conseillère Conjugale et Familiale va :
les écouter tous les deux de manière inconditionnelle et sans jugement, les féliciter d’être venus, la démarche n’étant pas aisée,
faire exprimer la demande de chacun, qu’attendent-ils de cet accompagnement ?
se centrer sur la relation qui noue le couple
les inviter à raconter en quoi l’addiction vient blesser le lien du couple, et chacun d’entre eux,
les aider à nommer leurs ressentis, leurs émotions, leurs besoins
Elle va faciliter le dialogue, tenter de dénouer des nœuds, faire émerger les propres ressources du couple.
Du côté du partenaire addict :
Faire raconter l’histoire de l’addiction (comment elle a démarré, quelle place elle prend aujourd’hui…)
Permettre d'identifier les déclencheurs au quotidien (l’ennui, une dispute, un lieu, la vue d’une publicité…)
Faire réfléchir aux conséquences de cette addiction pour chacun et pour le lien du couple (perte d’estime de soi, tensions dans le couple, difficulté à être en lien, troubles sexuels du désir et du plaisir, honte, irritabilité, repli sur soi, plus de goût pour rien, difficulté de concentration, éloignement du réel…)
Projeter dans une vie sans l’addiction, avec ses bons côtés : ce serait comment si ?
Faire émerger si possible les obstacles que fuit la personne (ex : difficultés relationnelles, traumatisme, blessure dans l’enfance, sentiment d’insécurité affective, peur de l’autre…)
Suggérer de se faire aider par un spécialiste des pathologies addictives qui pourra l’aider à réaliser ce travail intérieur, et l’accompagner dans la mise en place d’objectifs atteignables (ex : se reconnecter à son corps pour contrôler les envies addictives, accueillir ses émotions au lieu de les refouler…)
Du côté du conjoint soutenant
L’aider à réaliser que c’est une pathologie avec ses hauts et ses bas, ses joies et ses peines, ses victoires et ses rechutes
L’aider à prendre conscience qu’il n’est pas le Sauveur, c’est à la personne concernée de décider de se prendre en main et se faire aider
Le déculpabiliser face aux rechutes, elle n’est pas responsable
L’inviter si besoin à ne pas infantiliser l’autre en contrôlant tous ses faits et gestes,
Lui rappeler que le couple n’est pas constitué de deux ennemis mais de deux partenaires qui s’épaulent
…qui va aussi les orienter vers des professionnels de l’addiction.
Si la personne dépendante le souhaite et le décide, la Conseillère conjugale et familiale va l’orienter vers des spécialistes qui pourront prendre en charge ce désir de sortir de l’addiction. Que ce soit dans des centres hospitaliers, dans des associations, ou auprès de thérapeutes spécialisés, les solutions d’aide spécifiques et les groupes de parole existent. Il est possible de sortir d’une addiction, le chemin n’est pas simple mais il est là, adapté à chacun.
Et si nos obstacles étaient nos chemins ?
Super article, bien construit et clair ! Cela m’a permis de prendre conscience de l’importance de se faire aider. J’attends le prochain !