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Couples interculturels : complexité ou enrichissement ?

Construire sa propre « culture conjugale »

Aimer un homme ou une femme d’une autre culture ou d’une autre religion est de plus en plus fréquent. Mais est-ce pour autant plus difficile ?  Et s’il s’agissait plutôt d’un subtil équilibre entre l’acceptation des différences et l’affirmation de son identité ?

 

 



Il/elle « parle trop fort, je me sens agressé(e) », « ne dévoile pas ses ressentis », « est trop direct, manque de nuances », « n’aborde aucun sujet de couple », « est toujours en retard », « a une famille envahissante », « ne me manifeste jamais de tendresse en public », « n’a pas les mêmes valeurs que moi » …

 

La complexité au sein du couple interculturel …

Notre culture façonne notre manière de percevoir le monde, influe sur nos pensées, nos comportements et notre manière de communiquer avec autrui.

Dans un couple mixte[1], chacun est confronté à son identité propre et à ses appartenances. Chacun amène dans la relation sa culture, son histoire, ses valeurs et croyances, ses normes sociales, ses traditions, sa religion. Ces éléments viennent inévitablement impacter la manière dont nous entrons en relation. Ils peuvent être source d’incompréhension, de gêne, d’agacement, de désillusion, voire provoquer le sentiment de ne pas être aimé, de ne pas correspondre aux attentes de l’autre.

Les différences culturelles peuvent par exemple avoir une incidence sur la manière d’envisager les relations sociales, amicales, la place du travail de chacun, l’éducation des enfants, le rapport à l’argent, à la belle-famille, …

Dans certaines cultures,

  • L’individu prime sur le collectif et inversement, entrainant des décalages sur la place du couple par rapport à la famille élargie, sur les rôles sociaux attendus, sur les loyautés familiales, la place des enfants,

  • La manière de montrer ses émotions diffère : doit-on les cacher ou peut-on les laisser paraitre ?

  • L’habitude et la liberté ou non d’aborder des sujets plus ou moins intimes et engageants : la vision du couple, la sexualité, la politique, la religion, …

  • La communication verbale peut être perçue de façon variable : le choix des mots (directs ou plus subtils, messages explicites ou implicites), le ton (perçu comme plus ou moins agressif), le débit, l’intonation, les silences,

  • La communication non-verbale peut être interprétée différemment : le regard, les expressions faciales (amical ou froid), les attitudes corporelles, le besoin d’espace vital (la distance entre les personnes peut être interprétée comme de l’envahissement ou de la distance),

  • Le rapport au temps peut varier : être à l’heure ou systématiquement en retard (poli pour certains, irrespectueux pour d’autres).

 

… pas toujours facile à vivre au quotidien

Certains événements de la vie peuvent venir cristalliser les différences et engendrer des difficultés insoupçonnées :

  • L’accueil par les familles qui peut être plus ou moins ouvert par peur de l’inconnu et de la différence

  • L’arrivée d’un enfant peut mettre en lumière les écarts de culture et compliquer les choix : quelles éducation, religion, tradition transmettre ?

  • L’apparition d’incompréhensions et de conflits dans le couple vont exacerber les différences qui seront pointées du doigt pour justifier les blocages. Paradoxalement ce sont souvent les singularités de chacun qui ont été à l’origine de l’attirance[2].

 

Le couple : l’union de deux étrangers

Mais finalement, tous les couples ne sont-ils pas mixtes ? Car à défaut d’être étranger d'origine, l’autre n’est-il pas toujours un être étrange, avec des références et des échelles de valeurs qui diffèrent ?

Pour Fabienne Kraemer, psychanalyste, « Être en couple, c'est faire une place à l’autre dans ce que l’on a de plus intime. L’autre est toujours un étranger ». Pour la spécialiste, les couples mixtes ont pourtant un gros avantage : « être déjà au courant des différences de l’autre et travailler encore davantage leur capacité de tolérance ».

 

Construire sa propre « culture conjugale » pour transformer les différences en forces

L’enjeu réside dans le fait de construire une nouvelle « culture conjugale » à partir des deux cultures distinctes.  

Comment ?

  • En s’ouvrant à l’altérité : laisser de la place à la culture de l’autre, être curieux pour la comprendre, la savourer, s’impliquer pour en découvrir les richesses

  • En développant une connaissance plus fine de la personne que l’on aime,

  • Par un dialogue ouvert et constructif, se laisser la liberté de choisir d’adopter partiellement la culture de l’autre et de la mélanger à la sienne, en trouvant le juste équilibre et sans rien imposer.


Alors, êtes-vous prêts à coopérer, à trouver des solutions créatives respectueuses des différences de chacun, à créer la carte du monde de VOTRE couple ? Un beau défi à relever, promesse de surprises et d’émerveillements.

 


[1] Sur le plan sociologique, un couple mixte se définit par le fait de ne pas partager la même religion, ethnie, classe sociale ou encore classe d’âge.  Pour l’Institut national d’études démographiques, les mariages mixtes ne répondent qu’à un seul critère : que l’un des époux soit français et que l’autre soit de nationalité étrangère.

 

[2] Le mythe fondateur du couple (Robert Neuburger) : les choix et les collusions conscients ou inconscients, qui ont motivé à se mettre en couple


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